Que signifie «être français» ? Par quels critères peut-on décréter qu’un immigrant est digne ou non de jouir de la nationalité française

Le test de nationalité française, instauré par Claude Guéant en novembre dernier, entend donner une réponse à ces questions. Il consiste à exiger des prétendants à la nationalité française, en complément de la traditionnelle évaluation orale de la compréhension de la langue, une connaissance « minimale » de la culture et de l’histoire de la France.

Au panel des questions y figurent, entre autres, « à quelle période fut construit le château de Versailles », ou encore « en quelle année l’esclavage a-t-il été aboli en France ».

D’aucuns diront qu’il s’agit là d’une manière de rendre plus sélective l’accession à la citoyenneté française, permettant ainsi de relever ainsi la qualité des nouveaux arrivants.
Alors soit, les citoyens français déjà établis depuis des années dans leur pays, ont légitimement le droit de poser des contraintes à ceux qui souhaitent rejoindre leur société. « Tu souhaites entrer dans ma demeure, alors prouve-moi que tu en es digne ».
Mais n’est-t-il pas trivial d’exiger des candidats à la nationalité française qu’ils soient capables de donner quelques dates ou des noms de personnages historiques, aussi majeurs et illustres soient-ils ? Être Français se limite-t-il à la connaissance de quelques points de l’histoire française ?

Si l’on souhaite effectivement favoriser une immigration utile en France, alors peut-être serait-il plus judicieux de se focaliser sur ce que peuvent nous apporter les nouveaux immigrants, quelles compétences et quels savoir-faire ces personnes sont-elles prêtes à partager avec notre pays et nos sociétés.

La culture française, à mon sens, va bien au-delà de quelques questions d’histoire pour collégiens. Elle ne s’acquiert pas qu’en lisant des encyclopédies et en suivant des cours à l’université. C’est avant tout un mode de vie, une façon de vivre, que l’on ne peut réellement appréhender qu’en vivant en France.

En cela, le gouvernement de Nicolas Sarkozy prend le problème à l’envers. Cette connaissance de notre culture ne devrait pas être la condition pour accéder à la nationalité française. Elle devrait plutôt être la conséquence d’un séjour dans notre pays, l’expérience d’années de vie au sein de notre communauté. Car en effet, il n’y a rien de tel que des immigrants venant de tous horizons, ayant séjourné de longues années en France et s’étant imprégnés de la culture du mode de vie à la française, pour la faire rayonner au-delà de ses frontières.